mercredi 1 septembre 2010

Homme au bord de la crise de nerf

Quelle formidable rentrée scolaire! J'avais mon tout premier cours à 13h00 aujourd'hui. Je m'y suis rendu pas mal en avance, question d'être sûr de trouver le local, mais en fin de compte le pavillon n'était pas aussi labyrinthique que ce à quoi je m'attendais, donc je me suis repéré assez vite. Je me suis assis et j'ai attendu, puis d'autres gens sont arrivés, puis la porte s'est ouverte. Vous avez surement déjà vu, dans un film américain, ces majestueux amphithéâtres qui nous viennent en tête en entendant le mot «université». Eh bien, mon local était pile ça, mais complètement à l'inverse. Ça me rappelait ma classe de première année; un placard à balais où s'entassent des minis-bureaux avec la chaise poignée après dans laquelle forcément à presque six pieds, t'as de la misère à t'assoir. J'ai finalement réussis. 45 minutes après le début du cours, un jeune homme tout en sueur se pointe: il s'était trompé de pavillon. Il s'assoit en diagonale de mon bureau et se retourne:
-La prof est repartie?
-Non, elle ne s'est pas encore pointée.
Ah oui, j'avais oublié ce détail-là, la prof était en retard, tellement en retard que si elle est venue, le cours devait être terminé. Deux filles qui s'étaient impatientées avant tout le monde reviennent dans la classe: «On est allé voir en bas, ils savent pas la prof est rendue où...congé pour l'après-midi!» Un congé le premier jour de cours, c'est un peu de l'abus.

Au moins, je sais à quoi occuper mon temps: partir en quête de ma carte Opus qui me permettra d'accéder au métro et d'être un peu plus montréalais. Vous aimez ça, vous, ciné-cadeaux, dans le temps des fêtes? Vous avez vu Les 12 travaux d'Astérix? Ceux qui l'ont vu vont tout de suite savoir à quelle scène je fais référence: celle de la maison qui rend fou. Obtenir une carte Opus, c'est un peu le même principe. Ça prends une preuve d'âge: facile. Ça prend un formulaire, je l'ai, mais je dois faire une file de 2 heures pour le faire estampiller. De toutes façons, avant ça, ça me prends une preuve de résidence à Montréal, et ça je l'ai pas. Je voulais me présenter à l'accueil du bloc pour voir ce qu'ils pouvaient faire, mais le bail commence aujourd'hui, plein de gens qui emménage, méga-file encore une fois et moi j'ai un cours dans l'après-midi, ou du moins j'étais sensé en avoir un.

En revenant de mon non-cours, je retourne donc à la résidence, plus personne en file à l'accueil, alors je demande. Eux, ils peuvent rien faire, mais il m'envoient au registrariat pour en obtenir une. Au moins, je suis sur la bonne voie. J'arrive là-bas, grande salle d'attente, prenez un numéro, je dis je suis venu pour quoi, la madame m'en donne un, ils appellent le D-145, je regarde mon ticket: D-173. Je suis ici pour un bon moment.

Certains passages du paragraphe suivant démontrent un certain niveau de vulgarité. Les passages en violet sont donc à lire à vos risques et périls.
Je finis par être accueillis par une très peu gente dame (qu'on pourrait aussi qualifier de vieille crisse), si on considère que fouiller dans ses papiers en ignorant la personne qui arrive en face de vous est une forme d'accueil, elle finit par prendre ma carte étudiante du bout des doigts et d'entrer sur mon dossier. «Tu viens de Lévis.» Le mépris dans sa voix quand elle prononce le mot «Lévis», comme en voulant dire «Mais qu'est-ce que tu fais ici, toi qui viens de Lévis, à demander une preuve de résidence à Montréal. Retourne-y donc à Lévis et fous-moi la paix.» (C'est parce qu'à l'origine, toi comme moi, on vient d'un vagin, ce fait que prends ton trou vieille plotte.) Ayant travaillé dans un restaurant de petit vieux pendant plus d'un an, j'ai l'habitude d'être confronté à de brusques personnages qui vous traitent comme une grosse merde sale, alors j'ai su garder mon sang froid en l'injuriant dans ma tête. Elle a finalement fait imprimer mon papier, profitant du temps qu'elle avait avant que ça sorte pour rassembler quelques formulaires et les attacher avec une pince non sans les échapper tous sur son bureau et sacrer allègrement devant moi sans gène aucune. Finalement, la vieille chienne me garroche, c'est le mot juste, mon papier, et je suis bien content pour elle qu'il y ait une vitre devant son visage.

Au moins, j'ai ma preuve de résidence, demain matin la STM arrive à 9h00 pour faire des cartes et moi je me pointe à 8h30 pour faire estampiller mon formulaire avant. Faut pas non plus que j'oublie d'emmener le montant juste pour payer la carte parce qu'eux, le change, ils connaissent pas. Bref, kafkaïenne aventure que l'obtention de cette carte.

Le plus drôle de l'histoire, le seul bout que je trouve drôle en fait, et mon rire est jaune, c'est que la STM n'accepte pas le bail comme preuve de résidence parce que c'est pas assez officiel, mais la petite madame au comptoir (la calice), elle me demande mon adresse, mon code postal, tous ça sans rien vérifier si bien que j'aurais facilement pu habiter aux îles Mouk-Mouk, donner l'adresse de quelqu'un d'autre, et elle n'y aurait vu que du feu. Décidément, la bureaucratie fait des miracles dans cette société.

J'ai la papier en main, normalement il resterait une heure à mon cours, alors je retourne voir, au cas où. La classe est vide, c'est une bonne nouvelle; je n'ai rien manqué. Je décide alors d'aller repérer tout de suite l'emplacement de mon cours de demain, dans le pavillon 3200 Jean-Brillant que je n'ai pas encore repéré. J'ai dit pavillon, il faut comprendre labyrinthe. De peine et de misère, j'ai fini par tomber sur le local, mais ça sera malheureusement à recommencer demain, impossible de me rappeler par où je suis passé. D'ailleurs, je n'ai même pas réussi à ressortir par où j'étais entré...mystère.

Finalement, la journée fut beaucoup plus merdique que ce que j'avais envisagé. Pour me remonter le moral, je vais voir un film projeté en extérieur ce soir. J'ai le choix entre deux très joyeuses oeuvres: un documentaire sur les prostitués mâles à Montréal (sans blague, ça semble intéressant), ou un film danois des années 80 qui parle, selon le synopsis, d'un jeune de 9 ans qui «fait l'apprentissage du monde cruel des adultes en voyant son père s'affaiblir et subir la tyrannie d'un régisseur sadique.» Celui-là a gagné une Palme d'or, un Oscar et un Golden Globe, le choix semble facile mais j'ignore si je pourrai prendre au sérieux un film dont le personnage principal s'appelle Pelle. Les deux m'intéressent, alors je verrai sur place. Je risque fort d'opter pour Pelle, ce qui me permettrait d'être assis dans le gazon.

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