vendredi 17 septembre 2010

Panique téléphonique

Hier, en sortant du Lab de scénarisation, une amie m'invite à aller mater un film chez elle alors comme les films, j'aime bien, alors je dis oui. On se dit qu'on se rejase sur Facebook alors je m'en vais chez nous et je me connecte. Elle me donne son adresse et me dit de l'appeler une fois rendu devant parce qu'elle habite dans un demi-sous-sol et tout et tout et l'accès est pas si évident à trouver donc bref elle me donne aussi son numéro et premier réflexe je m'apprête à le rentrer dans mon cell. Je sort le divin objet de ma poche, l'écran est noir, comme d'habitude, pour sauver la batterie, alors je décale le top, truc plus rapide que d'appuyer sur les 2 boutons pour le déverrouiller...mais ça ne fonctionne pas, l'écran est toujours noir. Je panique, forcément, t'sais on s'habitue aux textos et à être rejoignable genre...partout tout le temps. Donc je panique, j'essaie de le brancher en sachant très bien que je l'avais fait la veille: ça me dit batterie pleine. Je me dit que je vais enlever la batterie et le remettre mais je sais pas trop comment m'y prendre, je gosse un peu, c'est pas vargeux. Je fouille dans mes trucs pour trouver le manuel, je capote, je capote...et j'allume. J'appuie longuement sur le bouton pour l'allumer et l'éteindre, you know, et il s'allume...
C'est si stupide mais je peux dire à ma défense que je ne l'ai pas éteint volontairement, et que d'ailleurs jamais je ne l'avais éteint.

mardi 14 septembre 2010

On analyse des textes en analyse de textes

Des livres, des livres et des livres, ça résume en gros ma vie ces temps-ci. J'ai toujours aimé lire et j'aime toujours ça d'ailleurs, simplement c'est un rythme à prendre, si je fait le compte, j'en ai au-dessus de 20 à lire dans la session ce qui commence à faire beaucoup de pages si on le voit ainsi, et encore plus de mots. J'ai honte d'avouer que je lis les fables de Lafontaine et il m'arrive de ne pas les comprendre, les morales m'échappent.

Hier, j'ai eu le cours d'Analyse de textes. Disons que la prof n'est pas des moins brusques. D'abord, parce qu'on a pas de temps à perdre, elle a besoin maintenant de volontaire pour faire un exposé la semaine prochaine.
-Mais madame, en quoi consiste cet exposé exactement?
-Analyser un texte! Le cours s'appelle analyse de textes!
Mon Dieu, c'est si clair, ça dit tout. Elle a l'air bien gentille quoi qu'un peu stressée, mais niveau clarté, c'est pas encore. Bien sûr une checklist ne serait probablement pas de circonstance mais si au moins elle pouvait clarifier un minimum ses attentes, pour un premier cours, ce serait déjà moins inquiétant. Bon finalement c'est 15 minutes, on décortique un extrait de 30 lignes, c'est pas si méchant. On a tous choisi notre sujet, moi, j'ai pris Baudelaire et ses Fleurs du Mal. C'est le seul que je connaissait déjà pour l'avoir à moitié entrepris. Après coup, je ne suis plus si sûr que ce soit sain d'esprit d'avoir choisi un recueil de poésie aussi...sombres disons. C'est très beau mais si ça s'intitule Les Fleurs du Mal, et non Les Fleurs de l'Amour, c'est qu'il y a une raison. Je le répète, c'est magnifique toutefois.

L'HOMME ET LA MER

Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasse des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables.

Ça ressemble à ça, c'est un de ceux qui me touchent le plus mais je ne l'ai lu qu'à moitié et je le recommence. Au moins c'est du beau à défaut d'être du bonbon.

J'ai l'impression d'avoir pas grand chose à dire parce que ma vie, je l'admet, ne déborde pas d'action en ce moment d'autant plus que je me garde quand même, en Paris Hilton que je ne suis pas, une marge d'intimité.

jeudi 9 septembre 2010

Balzac

Une semaine de trois cours: ça commence à avoir un brin plus d'allure mon affaire. Mardi matin, le premier: introduction aux études littéraires. On se dit, un cours d'introduction, c'est facile, ça va de soi. Le prof nous dit que nous devons tous penser que le cours d'introduction, ça doit être le plus facile, mais qu'on a tort; c'est le plus difficile. Neuf livres à lire, qui semblent tous bien intéressants, et deux examens: un de 40%, l'autre de 60%...mettons que tu t'arrange pour ne pas te planter parce que les occasions de se rattraper ne pleuvent pas. Au début du cours, une fille que j'avais vu dans d'autres cours et croisé dans la salle de lavage des résidences est venu s'assoir à côté de moi, on a jasé, elle m'a présenté son amie, on a jasé, j'ai donc deux graines d'amitié qui commencent à germer. J'ai tout de suite été acheter mes livres dans la très chic Librairie-Bistro où le prof les avait commandé, une employée me les a tous trouvés, si simple, je paie et je m'en vais...oubliant la pochette jaune contenant mon plan de cours sur le comptoir, alors j'y retourne. Comment perdre quelque chose d'aussi jaune? Le soir, je vais porter un CV à la Boîte Noire, je le met dans ma pochette jaune...et je l'oublie là-bas. Décidément, c'est mal barré pour cette pochette... Ah, et j'ai commencé à lire Balzac!

Mercredi: création littéraire. La prof est venue cette fois, et elle ne savait pas que c'était supposé être le deuxième cours et non le premier. C'est une petite dame plutôt âgée qui a un accent français prononcé et une voix ravagée par la cigarette, un peu comme Jeanne Moreau, ainsi qu'une odeur qui va avec sa voix. Par contre, elle est intéressante, bien qu'elle me terrorise légèrement, je ne saurais trop dire pourquoi. Peut-être parce qu'elle est sourde et qu'elle avait oublié son appareil alors à chaque fois que quelqu'un lui posait une question elle s'en approchait à une distance qui défie tout espace socialement confortable tout en demandant qu'il la lui crie à l'oreille. En soirée, la projection des Amours imaginaires à laquelle je me rend avec une de mes nouvelles amies de classe. Il y avait tellement de gens qu'on a eu toute la misère du monde à trouver une place où s'asseoir. On s'est finalement ramassés sur une roche, bon film mais derrière endolori. Ah, et j'ai lu Balzac.

Jeudi: Laboratoire de scénarisation. Un cours franchement intéressant, on a appris ce qu'était une histoire. Il n'y a aucun sarcasme dans ce que je disais, ce fut extrêmement intéressant; des notions pourtant si simples qu'on avait jusqu'à ce jour omis de nous enseigner. Une histoire, très basiquement, ça raconte comment un personnage comble un besoin entravé par un conflit, et ça doit construire un sens. Fuck les situations initiales, les événements déclencheurs et tout le tralala de péripéties, ce qu'on a appris est tellement plus simple et efficace. Il me faut donc encore désapprendre ce que le Cégep ne m'avait pas encore fait désapprendre, le français, au primaire et au secondaire, c'est fou fou fou! J'ai aussi lu Balzac ce jour-là.

Vendredi, pas de cours, journée relaxe, lire Balzac, remplir un formulaire de demande d'emploi chez Renaud Bray, aller à la bibliothèque arranger mon courriel externe qui envoie directement mes messages dans une boîte de réception qui ne fonctionne pas, si pratique.

mardi 7 septembre 2010

Fête du travail entre lévis-lauzonnais



Dimanche soir, en repartant de Lévis à Montréal, on ramasse deux de mes amis: Gabrielle et Charles...une fête du travail plutôt cool s'annonce. 2h30 de route à bavasser de tout et rien, tant que ça se prête au sarcasme...

On arrive, on débarque mon «stock», je fais mes salutations et papa et maman qui retournent à Lévis et voilà la soirée qui s'étend devant nous. On vient de se taper 2h30 de voiture, ma chambre n'est pas beaucoup plus grande qu'un habitacle, alors on va prendre l'air. Étape numéro un: aller louer un film à la Boîte Noire. On arrête notre choix sur Bande à part, le film de Godard dans lequel les personnages courent à travers le Louvre, parce que c'est tellement trop cool. Ce qui serait encore mieux serait de se trouver de l'alcool pour apprécier encore plus le film, il faut le faire avant 23h, alors on se dépêche. Je me rappelle avoir vu une SAQ sur Mont-Royal où on se trouve, alors on continue la rue, et plus on continue moins je suis certain de ne pas avoir imaginé cette SAQ, mais non, on finit par tomber dessus. Léger problème: ça fermait à 22h, alors ça nous prends un plan B: Vodka d'épicerie. Mauvais plan, on se tape la bouteille au complet assez rapidement, question de se donner une chance, mais c'est raté, même pas feeling. Au moins, on est fatigués, alors ça fait la job. On n'arrive pas à écouter Bande à part, parce que la nouvelle vague française a beau être top trendy, quand on n'es pas dans le mood, c'est barbant à souhait, alors on fait autre chose: pourquoi pas délirer sur Photo Booth avec mon Mac? Résultat: des photos un brin cinglées et des vidéos contenant malheureusement pour la plupart des propos que j'aimerais mieux tenir loin de mon blog, les gens peuvent être si susceptibles parfois. On finit par se coucher grâce à une organisation spatiale ingénieuse qui permet à tout le monde d'être passablement confo.

On se réveille le lendemain midi; direction centre-ville. On prend le métro, on arrive et le wagon est sur le point de partir. On décide qu'on est pas pressés alors on attend le prochain, sauf Charles qui lui se dit qu'il a le temps de l'attraper en courant. En effet, il a eu le temps, mais comme Gab et moi on n'a pas couru, la porte s'est fermée et le métro est parti. Pratique quand on n'a pas préalablement décidé où on se rendait. Ce qui est encore plus pratique, c'est que cellulaire et métro forment un cocktail totalement inefficace. On se dit qu'il va peut-être revenir, mais comme le wagon qui revient passe trop tôt pour qu'il aie eu le temps de le prendre, on se dit qu'il va peut-être prendre le prochain, alors on laisse aussi passer un wagon, l'autre arrive, pas de Charles. Il doit nous attendre là-bas, on prends le prochain wagon, et tout est bien qui finit bien. Heureusement, on était prêts à toutes éventualités. Gab nous avait partagé en se réveillant qu'elle avait fait un rêve prémonitoire dans lequel on vivait une situation, seulement elle ne se rappelait pas suffisamment de son rêve pour pouvoir dire de quelle situation il s'agissait.

On finit par sortir à Berri-UQÀM, une valeur sûre, et on se met en quête d'un resto dans lequel on peut manger tout en étant allergique aux arachides. Résultat: McDo. On aura beau dire ce qu'on voudra, c'est bon du McDo. Une fois ressorti, on essaie de trouver la friperie où j'étais allé l'autre fois. Je me trompe de côté; on se ramasse dans le quartier chinois. Intermède asiatique, parce qu'avec tous ces chats qui hochent la patte ça vaut la peine, puis on revire de bord et on finit par tomber sur la friperie que vous connaissez déjà si vous êtes un lecteur fidèle.

On ressort et on continue notre chemin sur St-Laurent jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien d'intéressant puis on retourne sur nos pas et on reprend le métro: direction la science-fict
ive station Beaudry où se trouve le long long tapis roulant duquel on se retourne en ayant, comme Charles le fait remarquer, l'impression de se trouver dans le futur. On n'arrête pas le progrès. Ce qui est encore plus, c'est qu'on arrive dans le Village, là où tout est version queer, et je me dois de leur montrer la vitrine de cet opticien qui a tellement compris ce qui est accrocheur dans la vie. Ça s'est mérité une séance photo des plus kitsch (copyright Gabrielle Demers Photographe Photographie)

Après ça, détail important, localiser la gare d'autobus si mes amis veulent être à leurs cours mardi matin, tant qu'à faire, acheter les billets et après ça, avoir faim et l'envie d'une pizza. Ça tombe bien, à Montréal, c'est assez facile à trouver. Notre premier plan: retourner sur St-Laurent où on a vu le fabuleux Pizza Madona, là où il y a des écrans partout sur lesquels on peut voir les clips de Madonna et où on peut commander le trio Like a Virgin, en tous cas c'est ce qu'on devine. C'est trop loin pour le temps qu'on a. Il y a aussi le Double Pizza que Gab connaît bien, et comme elle nous l'expliquait, là-bas, peu importe ce que vous commandez, ils vous le servent en double, sauf que c'était aussi trop loin. Je me souvenais que tout près de chez moi il y avait la Pizzédélic, là où la pizza est hallucinogène. On s'y rend...et c'est fermé. On marche un peu, constatant qu'on est dans la merde, à moins de courir jusqu'au Mixes qui se trouve beaucoup plus loin et est beaucoup moins amusant, avant de réaliser qu'on se trouve juste en face d'un Show Pizza. La vie est belle pareil, on a notre pizza, mais pour le show, c'est pas gagné.

C'est ainsi que la journée s'achève, on récupèrent leurs trucs dans ma chambre et je vais les reconduire à a gare d'autobus. Les beaux moments passent si vite.

Intermède lévisien

Même pas deux semaines que je suis ici et déjà, les gens me manquent. Il faut dire que bâtir de nouvelles amitiés est un long processus et qu'en attendant, je suis seul la plupart du temps. La solitude me sied plutôt bien, mais j'ai tout de même décidé de prendre une pause. C'est ainsi que grâce à Allostop et au charmant (bien qu'un peu perdu) automobiliste avec qui je suis embarqué, je suis arrivé à Lévis vendredi après-midi.

Déjà avant de partir, j'avais un plan en tête: cette fin de semaine, à Québec, c'était la fête arc-en-ciel. Je ne pouvais tout simplement pas me permettre de rater un événement aussi coloré et qui n'arrive qu'une fois dans l'année. C'est ainsi qu'avec mon amie Coco, on se donne rendez-vous vendredi 9h30 à Place d'Youville, puis direction le Drague ou toute l'action se déroule. J'étais un peu déçu de ne pas voir de ballons multicolores dans la rue comme l'année passée mais bon, l'achalandage y était; c'est le principal. Seul hic, tout prend place dans une rue qui se donne des airs de ruelle et avec tous ces gens, circuler n'est pas tâche facile. D'autant plus qu'un spectacle extérieur s'y tient au moment-même et qu'un troupeau de diversités s'agglutine autour autour d'une drag queen qui se prend pour Lady Gaga, événement pourtant banal pour l'endroit. Nous, on traverse la foule et on va plutôt s'assoir sur la terrasse, jaser un peu; on s'est pas vus depuis deux semaines, deux semaines bien chargées. Parle parle jase jase, sauvons l'intimité des protagonistes en précisant simplement qu'un hic survient: avortement de la soirée, Coco doit repartir. C'est pas si grave, on s'est vu, c'est le principal, alors je vais la reconduire à son autobus, on se dit bebye et à la prochaine. Dans quelques minutes, le spectacle de Mado Lamotte commence. Au départ, j'étais pas parti de Montréal pour venir voir Mado Lamotte à Québec, mais la soirée était jeune et ça semblait un bon compromis. De toute façon, l'entrée est déjà payée. J'y retourne et le destin me sourit; je croise deux amis dans l'entrée.
-Qu'est-ce que tu fais tout seul?
-blablabla explications blablabla
Eux, ils fêtent une amie que moi je connais à peine, mais bon, elle est sociale et sympathique et bref, je suis gentiment invité à rejoindre la bande. Ma soirée tombée à l'eau se voit ainsi repêchée. Comble de la chance, je tombe sur une bande qui aime ce que j'aime: danser, rire, bitcher...ce fut une soirée agréable.

Le lendemain: opération matériel scolaire avec ma maman, comme le veut la tradition. Inutile de s'attarder sur le sujet, c'est là une tâche bien assez longue à vivre sans s'étendre à la raconter, et maintenant, j'ai tout ce que ça me prends pour être en business. En soirée, souper familial avec mes grand-parents, d'un tout autre ordre que la précédente mais tout aussi bien, qui se termine par une autre tradition une fois tout le monde repartit: visionner un DVD loué. Chloé d'Atom Egoyan, un bon film.

Le dimanche, déjà, je me prépare à partir. J'ai d'abord un truc à régler: photo de passeport (voyage à New York en perspective; je vous reviendrai là-dessus). J'arrive pour faire prendre la photo:
-Pas le droit de bijoux, dit-elle en désignant mes piercings
-Ça tombe bien, c'est si facile à enlever et à remettre à volonté un labret, dis-je dans ma tête avant de lui signifier que c'est plus ou moins de l'ordre du possible.
Elle a pris la photo pareil, alors on verra ce que ça fera. J'avoue qu'avec une petite bille argent de la taille d'une tête d'épingle sous la lèvre, je suis méconnaissable. L'après-midi s'annonce longue puisqu'il fait mauvais et qu'on est dimanche, alors on loue un autre film. J'avais envie d'un truc qui me ferait sans avoir à réfléchir, alors on a pris Joyeuses funérailles, très mauvais choix, les gags y ont la particularité de ne pas être drôles pour la plupart.

Le soir, je repars en voiture avec mes parents et deux autres passagers, mais ça, c'est de l'ordre de l'article suivant.

jeudi 2 septembre 2010

C'est parti pour la gloire

Bon, là, c'est commencé pour vrai.

Tout d'abord, ici prends fin ma fabuleuse quête remplie d'obstacles et d'embuches: j'ai eu ma carte Opus ce matin. Comme je me l'étais promis, à 8h45 ce matin, j'étais sur place, j'ai même pas eu à faire la file pour avoir mon étampe de l'université, j'ai monté jusqu'au 6e en ascenseur, j'ai fait une mini-file, puis ils nus ont fait entrer dans un auditorium, file assise messieurs dame, bouteille d'eau gracieusement offerte (faut dire qu'il faisait chaud), et puis, pas si longtemps après, c'est mon tour. En fin de compte, tout s'est bien passé. Le seul hic, c'est qu'ils prenaient la photo pour la carte avec une web cam, sans un éclairage très avantageux, et moi, avec mes grosses arcades sourcilières proéminentes, quand l'éclairage est pas avantageux, ça me fait de gros ombrages et bref sur la photo, j'ai des airs de famille avec la créature de Frankenstein. En parlant de ça, on va régler une chose au plus vite: Frankenstein, c'est le nom du scientifique et non du monstre. Tout ça pour dire que j'ai une carte, certes la photo est monstrueuse, mais comme c'est une carte magnétique la honte est considérablement moindre qu'avec les cartes Trans-Sud qui te forcent à montrer ta tronche de merde au chauffeur à chaque fois que t'entres dans un bus.

J'ai aussi eu mon premier cours, enfin: laboratoire de scénarisation, et j'ai miraculeusement repéré dès mon entrée dans le pavillon des escaliers qui montaient jusqu'au 4e étage, pas loin de mon cours (ils ont dû les bâtir durant la nuit). La prof s'est pointée (quelle belle attention), et mon Dieu, j'ai trouvée qu'elle ressemblait à une dentiste ou quelque chose du genre mais pas vraiment à une prof de cinéma. Comme dirait Yoda, aux apparence, jamais se fier il ne faut; elle sait de quoi elle parle. Enfin, on va m'en apprendre plus sur le 7e art que «le cinéma se divise en 3» (ceux qui ont fait le programme de cinéma à Lévis-Lauzon comprennent de quoi je parle, pour les autres, c'est pas grave). On a eu le plan de cours: ça me semble intéressant mais peut-être un peu facile, quoique je garde en tête la citation de Yoda. Pour aujourd'hui, comme les trois quarts de la classe n'ont pas la moindre familiarité avec l'écriture scénaristique, ce fut du déjà vu, mais l'apprentissage nouveau s'en vient, je le sens.

En soirée, j'ai profité un peu de ma carte Opus. Mon plan c'était d'aller voir Blue Velvet de David Lynch (Quel homme!) à la Place des arts mais avec l'orage qu'il y avait dans l'air, je m'en suis tenu à une petite promenade interrompue prématurément par des brins de pluie qui s'étaient donné rendez-vous sur la tête des passants. Finalement, hier soir, j'ai opté pour Pelle (ça se prononce Pellé...décidément on en apprend à tous les jours), et je suis un spectateur satisfait. Très beau film, mais peut-être un peu long, quand on pense que le film est pour finir et que finalement, il y a encore une autre scène qui amène encore d'autres éléments à l'intrigue, que ça arrive à plusieurs reprises si bien qu'on se demande si on finira par s'en sortir avant le matin, c'est un peu tannant, mais en gros, très bon film. Et en plus, ce que j'ignorais, c'est que Bille August, le réalisateur, est président du jury du Festival des films du monde et il était là en personne pour dire quelques mots sur son film. Bon, c'est pas un de mes réalisateurs fétiches, en fait j'avais même jamais rien vu de lui, mais il a tout de même une Palme d'or au-dessus de sa cheminée: ça impose le respect.

Demain, je serai à Lévis. Je sais, déjà, mais les fins de semaines de quatre jours ne pleuvent pas et comme je n'ai pas encore d'emploi, j'en profite.

mercredi 1 septembre 2010

Homme au bord de la crise de nerf

Quelle formidable rentrée scolaire! J'avais mon tout premier cours à 13h00 aujourd'hui. Je m'y suis rendu pas mal en avance, question d'être sûr de trouver le local, mais en fin de compte le pavillon n'était pas aussi labyrinthique que ce à quoi je m'attendais, donc je me suis repéré assez vite. Je me suis assis et j'ai attendu, puis d'autres gens sont arrivés, puis la porte s'est ouverte. Vous avez surement déjà vu, dans un film américain, ces majestueux amphithéâtres qui nous viennent en tête en entendant le mot «université». Eh bien, mon local était pile ça, mais complètement à l'inverse. Ça me rappelait ma classe de première année; un placard à balais où s'entassent des minis-bureaux avec la chaise poignée après dans laquelle forcément à presque six pieds, t'as de la misère à t'assoir. J'ai finalement réussis. 45 minutes après le début du cours, un jeune homme tout en sueur se pointe: il s'était trompé de pavillon. Il s'assoit en diagonale de mon bureau et se retourne:
-La prof est repartie?
-Non, elle ne s'est pas encore pointée.
Ah oui, j'avais oublié ce détail-là, la prof était en retard, tellement en retard que si elle est venue, le cours devait être terminé. Deux filles qui s'étaient impatientées avant tout le monde reviennent dans la classe: «On est allé voir en bas, ils savent pas la prof est rendue où...congé pour l'après-midi!» Un congé le premier jour de cours, c'est un peu de l'abus.

Au moins, je sais à quoi occuper mon temps: partir en quête de ma carte Opus qui me permettra d'accéder au métro et d'être un peu plus montréalais. Vous aimez ça, vous, ciné-cadeaux, dans le temps des fêtes? Vous avez vu Les 12 travaux d'Astérix? Ceux qui l'ont vu vont tout de suite savoir à quelle scène je fais référence: celle de la maison qui rend fou. Obtenir une carte Opus, c'est un peu le même principe. Ça prends une preuve d'âge: facile. Ça prend un formulaire, je l'ai, mais je dois faire une file de 2 heures pour le faire estampiller. De toutes façons, avant ça, ça me prends une preuve de résidence à Montréal, et ça je l'ai pas. Je voulais me présenter à l'accueil du bloc pour voir ce qu'ils pouvaient faire, mais le bail commence aujourd'hui, plein de gens qui emménage, méga-file encore une fois et moi j'ai un cours dans l'après-midi, ou du moins j'étais sensé en avoir un.

En revenant de mon non-cours, je retourne donc à la résidence, plus personne en file à l'accueil, alors je demande. Eux, ils peuvent rien faire, mais il m'envoient au registrariat pour en obtenir une. Au moins, je suis sur la bonne voie. J'arrive là-bas, grande salle d'attente, prenez un numéro, je dis je suis venu pour quoi, la madame m'en donne un, ils appellent le D-145, je regarde mon ticket: D-173. Je suis ici pour un bon moment.

Certains passages du paragraphe suivant démontrent un certain niveau de vulgarité. Les passages en violet sont donc à lire à vos risques et périls.
Je finis par être accueillis par une très peu gente dame (qu'on pourrait aussi qualifier de vieille crisse), si on considère que fouiller dans ses papiers en ignorant la personne qui arrive en face de vous est une forme d'accueil, elle finit par prendre ma carte étudiante du bout des doigts et d'entrer sur mon dossier. «Tu viens de Lévis.» Le mépris dans sa voix quand elle prononce le mot «Lévis», comme en voulant dire «Mais qu'est-ce que tu fais ici, toi qui viens de Lévis, à demander une preuve de résidence à Montréal. Retourne-y donc à Lévis et fous-moi la paix.» (C'est parce qu'à l'origine, toi comme moi, on vient d'un vagin, ce fait que prends ton trou vieille plotte.) Ayant travaillé dans un restaurant de petit vieux pendant plus d'un an, j'ai l'habitude d'être confronté à de brusques personnages qui vous traitent comme une grosse merde sale, alors j'ai su garder mon sang froid en l'injuriant dans ma tête. Elle a finalement fait imprimer mon papier, profitant du temps qu'elle avait avant que ça sorte pour rassembler quelques formulaires et les attacher avec une pince non sans les échapper tous sur son bureau et sacrer allègrement devant moi sans gène aucune. Finalement, la vieille chienne me garroche, c'est le mot juste, mon papier, et je suis bien content pour elle qu'il y ait une vitre devant son visage.

Au moins, j'ai ma preuve de résidence, demain matin la STM arrive à 9h00 pour faire des cartes et moi je me pointe à 8h30 pour faire estampiller mon formulaire avant. Faut pas non plus que j'oublie d'emmener le montant juste pour payer la carte parce qu'eux, le change, ils connaissent pas. Bref, kafkaïenne aventure que l'obtention de cette carte.

Le plus drôle de l'histoire, le seul bout que je trouve drôle en fait, et mon rire est jaune, c'est que la STM n'accepte pas le bail comme preuve de résidence parce que c'est pas assez officiel, mais la petite madame au comptoir (la calice), elle me demande mon adresse, mon code postal, tous ça sans rien vérifier si bien que j'aurais facilement pu habiter aux îles Mouk-Mouk, donner l'adresse de quelqu'un d'autre, et elle n'y aurait vu que du feu. Décidément, la bureaucratie fait des miracles dans cette société.

J'ai la papier en main, normalement il resterait une heure à mon cours, alors je retourne voir, au cas où. La classe est vide, c'est une bonne nouvelle; je n'ai rien manqué. Je décide alors d'aller repérer tout de suite l'emplacement de mon cours de demain, dans le pavillon 3200 Jean-Brillant que je n'ai pas encore repéré. J'ai dit pavillon, il faut comprendre labyrinthe. De peine et de misère, j'ai fini par tomber sur le local, mais ça sera malheureusement à recommencer demain, impossible de me rappeler par où je suis passé. D'ailleurs, je n'ai même pas réussi à ressortir par où j'étais entré...mystère.

Finalement, la journée fut beaucoup plus merdique que ce que j'avais envisagé. Pour me remonter le moral, je vais voir un film projeté en extérieur ce soir. J'ai le choix entre deux très joyeuses oeuvres: un documentaire sur les prostitués mâles à Montréal (sans blague, ça semble intéressant), ou un film danois des années 80 qui parle, selon le synopsis, d'un jeune de 9 ans qui «fait l'apprentissage du monde cruel des adultes en voyant son père s'affaiblir et subir la tyrannie d'un régisseur sadique.» Celui-là a gagné une Palme d'or, un Oscar et un Golden Globe, le choix semble facile mais j'ignore si je pourrai prendre au sérieux un film dont le personnage principal s'appelle Pelle. Les deux m'intéressent, alors je verrai sur place. Je risque fort d'opter pour Pelle, ce qui me permettrait d'être assis dans le gazon.